Michel KIKOÏNE
janvier 2, 2019
Isis KISCHKA
janvier 2, 2019

Jésékiel KIRSZENBAUM

STASZOW (POLAND) 1900 – PARIS 1954

Kirszenbaum est né en Pologne dans une famille religieuse. Dès l’enfance, il passe tout son temps à crayonner et à peindre. À douze ans, celui que l’on surnomme « l’artiste » devient dessinateur d’enseignes pour magasins. En 1920, Kirszenbaum arrive à Berlin. Il continue à peindre et donne des leçons d’hébreu pour gagner sa vie. Attiré par la renommée de Paul Klee et de Wassily Kandinsky, il se rend à Weimar en 1923. Pendant trois trimestres, il y suit les cours du Bauhaus puis rejoint Berlin, où durant quelques années il sera dessinateur de presse, signant sous le pseudonyme de Duvtivani. Son rêve se réalise enfin en 1933, lorsqu’il arrive à Paris et se consacre à la peinture. Il peint des huiles, des aquarelles inspirées de scènes bibliques et du shtetl. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Kirszenbaum échappe aux nazis, mais sa femme sera déportée. « Depuis, je vis dans la douleur, dans l’amertume. Je ne suis pas un saint, je n’ai plus aucune confiance dans les hommes ni dans ma propre vie… » Ses oeuvres antérieures à 1940 seront détruites.

En 1948, il se rend au Brésil, où il rejoint sa soeur rescapée des camps, et participe à plusieurs expositions. Il désespère de retourner en France, pays qui lui inspire une nostalgie lancinante. « Pour des êtres comme nous, dont l’esprit est fait d’un tissu particulièrement sensible, il n’y a que Paris et la France où même la plus triste solitude participe encore à la symphonie impérissable des esprits… » De retour à Paris en 1949, Kirszenbaum obtient la nationalité française. Il rencontre la baronne Alix de Rothschild qui, douée d’une sensibilité artistique et reconnaissant son art, se fait un devoir de le secourir. Il exécute trois panneaux monumentaux : les prophètes Elie, Jérémie et Moïse. Il la nommera son « ange bienfaiteur ». Il illustre les livres de I.L. Peretz, écrivain yiddish dont les histoires révèlent l’essence même du mouvement hassidique. Les années 1950 et 1951 sont ponctuées de voyages au Maroc et en Italie. Kirszenbaum meurt en 1954 des suites d’un cancer

Stories of Jewish Artists of the School of Paris 1905-1939

FRENCH-ENGLISH

Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.

From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.