Abraham MORDKHINE
janvier 3, 2019
Vladimir NAÏDITCH
janvier 3, 2019

Mela MUTER (Maria Melania Muttermilch, dite)

WARSAW 1876 – PARIS 1967

Mela Muter grandit au sein d’une famille aisée et cultivée de Varsovie. Son frère, Zygmunt Klingsland, deviendra un critique d’art apprécié en Pologne. En 1901, après une année de cours à l’école de dessin pour femmes de J. Kotarbinski, elle arrive à Paris avec son mari, Michal Muttermilch, journaliste socialiste, et s’inscrit à l’académie Colarossi puis à la Grande Chaumière. Bien qu’attachée à la Pologne, Mela Muter devient vite une personnalité de Montparnasse et, dès 1902, participe au Salon des beaux-arts.

Elle expose chaque année ses oeuvres dans les salons polonais (Varsovie, Lwow, Cracovie). Le marchand et collectionneur Ambroise Vollard s’intéresse à elle et aime particulièrement le portrait qu’elle réalise de lui en 1916. Active au sein de la communauté polonaise, Mela Muter prend part aux manifestations de la Société des artistes polonais, la TAP, et entretient des rapports étroits avec ses compatriotes écrivains et artistes, tels Stefan Zeromski, Léopold Gottlieb et Zborowski. Elle est en contact avec Romain Rolland, Diego Rivera, Arthur Honegger, Albert Gleizes, Auguste Perret, qui conçoit le projet de sa maison, et le socialiste Raymond Lefevre, son compagnon qui meurt tragiquement en 1920. Mela Muter choisit ses modèles parmi ses amis : les musiciens Erik Satie, Maurice Ravel, l’écrivain Henri Barbusse.

En 1925, elle se lie d’amitié avec Rainer Maria Rilke qui lui dédie des poèmes et lui adresse plusieurs lettres, récemment retrouvées. Leur liaison durera jusqu’à la mort de l’écrivain, en 1926. En 1927, Mela Muter obtient la nationalité française. En 1937, elle participe à l’Exposition internationale. Lorsque la guerre éclate, Mela Muter se réfugie à Avignon et continue à peindre. De retour à Paris dès la Libération, elle effectue plusieurs voyages en Bretagne et en Espagne. Trois mois avant sa mort, la galerie Hammer de New York lui consacre une rétrospective.

Stories of Jewish Artists of the School of Paris 1905-1939

FRENCH-ENGLISH

Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.

From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.